Il y a quelque chose de l’éparpillement dans ma façon d’être artiste et d’être au monde. Je cherche à rassembler en différents tas ces bouts semés, jetés, usés, à peine commencé, peut- être juste pensé qui font écho de plus en plus fortement à des histoires enfouies dans ce corps de 53 ans. Je cherche à convoquer de nouveaux outils pour re-questionner la forme.
C’est le cirque qui m’a fait artiste. C’est le croisement avec le monde du mouvement et de la danse, de l’écriture théâtrale et des mises en scène, le monde des arts plastiques et de la photographie qui m’a permis de complexifier un propos, de travailler sur différentes couches et d’écrire (le cirque) en mettant le corps au service d’une dramaturgie.
Trapéziste, acrobate à la base, lanceuse de couteaux, inscrite dans le mouvement dansé, meneuse de projets, je confronte mon écriture sous chapiteau, en salle ou en espace public.
Mon terreau est la rencontre avec des groupes en marge au travers d’ateliers : traces, témoignages, mise en mouvement et en abîme.
Croiser et rencontrer, bouleverser et chambouler, ouvrir et questionner. Quelle artiste et quelle femme je veux être aujourd’hui.
Je requestionne la forme en ouvrant à des modes qui puisent leurs expressions dans des matières ou matériaux qui résonnent autrement pour moi et abordent la création sous d’autres angles que ceux dont je me sers jusque-là.
Il y a également quelque chose de l’intime, dans les fonds et les tréfonds qui ne s’envisage plus tout à fait avec les mêmes outils et je bouscule quelque peu la manière de projeter la création en voulant rencontrer des artistes, des univers, des formes.
II y a ce corps de circassienne de 53 ans puissant et masculin auquel je dis au revoir pour rentrer dans une féminité qui se dit qui s’écrit et se crie autrement.
Il y a ces tas jusque-là éparpillés que je rassemble autour de trois axes, trois rencontres.
Il y a ce besoin de croiser d’autres artistes, d’autres cheminements et mettre en commun ou en oppositions les différences et les complémentarités.