L’abattoir est la première tentative d’une exploration improductive de dramaturgie de plateau autour d’un outil performatif, impulsif, libre et autonome qui cherche de nouveaux modèles de travail. L’abattoir démarre toujours par ce récit, c’est la seule chose qui ne change pas.
Jordy est mort dans sa tente. Son chien accroché à son pied a aboyé mais personne n’est venu. C’est l’aube. Le chien aboie toujours et avec le jour qui se lève monte une atmosphère nouvelle, une excitation et une violence palpables. Aux alentours, de nouveaux·elles chien·nes se mettent à leur tour à aboyer. Ce sont des enragé·es d’un genre nouveau, iels hurlent dans les ventres de celleux qui ont reconnu l’appel. Chacun·e, de là où iel est dans sa vie de merde, prend la route des bois, traverse les sols boueux et la brume du matin pour atteindre un édifice, flou, isolé. Toustes répondent à la pulsation de cet espace, le chien en elleux s’excite et bave, cette foule se bouscule et arrive par milliers dans cette zone hors du temps et du monde où tout semble possible : l’Abattoir. L’abattoir est un lieu, un endroit, hors de la ville et des regards, là où se déroulent les carnages que nos consciences préfèrent ignorer. Vivant, complexe, une marge où s’agitent les pulsions de vie et les pulsions de mort, les cris et les appels à la liberté, un espace où l’on reconnait celleux qui nous entourent comme faisant partie de la même race d’enragé·es laissé·es-pour compte, qui, faute de se soulever dans le monde qui les rejette, existe ici, ensemble et puissante.
L’abattoir est un terrain de jeu, de vie, de cri et d’exutoire pour une vingtaine d’artistes qui portent, modèlent, transforment, traversent, différentes figures à partir d’un recueil co-créé illimité de vivant·es co-fabriqué·es, de personnages fictif·ves, vénères, poétiques, scandaleux·ses, joyeux·ses et tragiques. Seul·es et ensemble iels tentent de s’incarner dans de nouveaux récits : des fictions partagées, des narrations collectives coconstruites à vif, en direct, à travers une nuit sans fin.
Clément Goethals est l’un des co-fondateur de La FACT, compagnie contrat-programmée belge. Depuis sa sortie d’école en mise en scène à l’INSAS, il conjugue son métier d’acteur et de metteur en scène. Il a travaillé en tant que comédien avec Violette Pallaro, Salvatore Calcagno, Armel Roussel, François Gillerot, Jean-Baptiste Delcourt, Angèle Baux Godard, Vincent Goethals… Côté mise en scène, il créé Et la Tendresse ? à sa sortie d’école qui sera co-produit et programmé par le NextartsFestival, et la maison de la culture de Tournai. Il mettra en scène L’empreinte du vertige avec Angèle Baux Godard, coproduit par Le Rideau de Bruxelles, les Martyrs, le CDN de Colmar, le Théâtre du Peuple et le Théâtre de la Vie, qu’il tournera par la suite. Il co-créera aussi Alzheimer Project avec Angèle également en collaboration avec la Maison de la Culture de Tournai, et Traces d’étoile avec Angèle et Jean-Baptiste Delcourt au Théâtre du Peuple en France. En 2020, il co-créé avec Hélène Beutin Carnage au Théâtre Varia, au Festival de Liège et à l’Ancre de Charleroi en collaboration avec Charleroi-Danse. Actuellement, il travaille à trois nouvelles créations : Tartare avec Hélène Beutin, Nora avec Angèle Baux Godard et Masculinités avec Steve Gagnon, qui se construira entre la France, le Canada et la Belgique.