Notes en Vrac de Ueli Hirzel

Notes en Vrac de Ueli Hirzel

Des notes de Ueli Hirzel, prises au fur à mesure, des pensées et des réflexions, des petites histoires et témoignages autour de Monthelon et de son passé, des notes sans exigence ni intellectuelle ni linguistique, subjective et pas toujours « politiquement correcte »

S’il vous souhaitez de me laisser une remarque, question et critique, n’hésitez pas de me contacter ueli.hirzel@monthelon.org

 

 

 

 

 

 

 

 


L’Idée, du Grecque ideīn (voire)

 

Une idée est souvent perçue comme menace et danger, donc on est tenté de la refouler.

Une idée est quelque chose qui existe dans un espace dans lequel tout existe, mais rien n’est encore manifeste.

Une idée est impensable, on ne peut pas trouver des idées en pensant, on est touché par une idée, on est bouleversé, frappé, elle fait réveiller cette immense et incontournable envie de se mettre en son service et de vivre l’urgence de la réaliser.

Si nous sommes courageux et capable de les écouter, les idées nous permettent de sortir de nos prisons, de nos conditionnements, nos habitudes, nos convictions, ils ont la force de démanteler des opinions, conditionnements et certitudes. Les idées nous ouvrent des espaces hors de l’imagination, de l’espace en dehors du rationnel, des espaces à vivre et à respirer.

L’idée en elle même est incorruptible et en soi ne pas négociable, mais elle met en danger et en question notre compréhension de nous même, l’organisation de la société et de l’économie. C’est pourquoi les idées sont souvent menacer et contourner pour  les faire compatible à ce que nous appelions «nos besoins».  Au lieu de nous mettre en accord avec la nature des idées, nous les violons pour les tordre à nos besoins l’économique, nos besoins personnels et nos visions étroites et a courte vue.

Être en accord avec une idée permet l’idée de déployer son vrai potentiel et de sa force naturelle, une force inimaginable dans laquelle sa réalisation est inhérente. Concrètement ça signifie que l’idée a la force de créer les outils comme l’argent et tout le dispositif de ce qui est nécessaire à sa réalisation, si on reste fidèle à sa vrai nature.

Ce n’est pas l’argent qui crée l’idée, je ne dois pas d’abord avoir de l’argent pour ensuite être porteur d’une idée. Le manque d’argent est une mauvaise excuse pour ne pas faire ce qui est à faire. (D’autre coté la précarité n’est pas non plus un vecteur pour être créatif). La hiérarchie est alors l’idée qui prime l’argent. Si non, on met le chariot devant le cheval.

Une idée ne nous appartiens pas, nous sommes récepteur, une sorte de médium. Les porteurs d’idées sont considérés comme des fous, des rêveurs et surtout pas ce qu’on appelle des « réalistes ». Mais de quelle réalité est ce qu’on parle? La réalité des idées  ou de la réalité présumé de l’économie, des données qu’on prétend incontournables, des « faits » qu’on appelle « vérité », la « vérité » des réalistes ou d’une réalité en dehors de la raison, de la contrôle et de la maitrise? Un monde vraie et magique ou un monde aliéné??

Les « irréalistes, » il faut leur donner une place, du respect et du soutien. Il faut les écouter, ils sont généreux et porteur de quelque chose qu’on peut nommer par un mot de 5 lettres, mais qu’on ne devait pas prononcer.

 

Ueli en novembre 2020

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Le début

Et soudain c’était fini.

Plus d’applaudissements enthousiaste, plus des queues à la caisse, plus la monté de la tension quand le publique arrive et commence à s’installer, ce moment incomparable de curiosité, ce moment  de l’attente du publique qui vibre dans l’air avec un regard septique, car « on » entendait des choses, « on » se méfie de ces trucs « à la mode », des comédiens bizarres, – on se demande s’ils méritent vraiment leur succès, on va bien voire….?

Soudain fini le soulagement après le spectacle, fini les balades dans la nuit d’un Paris magique, les fêtes à la coupole ou  J. H. nous invitait au Champagne, fini d’imaginer la suite d’une tournée glorieuse.

Fini? Vraiment finit après 6 ans d’aventure en commun d’une troupe de 25 personnes à rémunérer? Pourtant on était invité de jouer à Lyon, ensuite de présenter le spectacle à Monte-Carlo pour célébrer l’anniversaire du Prince, invité de participer à l’Olympiade culturelle de Barcelone et et ….-  on parlait même de New York….

C’est comme de marcher sur un sol moue, une sorte de flottement, un soulagement, un poids qui tombe, pourtant une inquiétude pinçant commence à s’installer.

Il y a plus rien, un vide et juste le souvenir nostalgique des soirées glorieuses.

Le lendemain de la dernière d’ « Aladin, la conte de la folie extraordinaire », une cinquantaine des camions, roulottes, caravanes, la tente « palais des glaces » vide et inutile, presque abandonné sur le parking de la Cartoucherie dans le bois de Vincennes. Les premières artistes et collaborateurs quittent pour retourner en Suisse, et le noyaux dure, env. 10 personnes restent perdu et sans avoir une idée précise de ce qui est à faire. On ne pouvait plus retourner dans notre  « quartier d’hiver » en Suisse, la friche n’existait plus, car maintenant elle est squatté par les constructeurs et les investisseurs.  Alors il faut  bien trouver un endroit pour poser les camions, les voitures, les roulottes et caravanes la tente avec toute la technique et infrastructure, pour pouvoir faire une pause, pour respirer, pour faire le deuil, pour trouver la fin. Mais tout d’abord c’est un épuisement profond, qui prend dessus.

On commence à chercher, un lieu juste pour avoir le temps pour que la brume va passer.  On cherche chez d’autres cirques, on cherche un hangar à louer, un terrain, une usine désaffecté, une friche., Il y a de la bonne  volonté mais toujours un « Mais » plus grand.  Pas si facile. Une petite fermette est à vendre, peu cher, la ferme petit Saint Anne proche de Paris – « Mais ». Finalement le vendeur veut garder une partie. Au bout de 2 à trois semaines c’était plus clair; mieux chercher à acheter que de louer. Mieux pas si proche de Paris, mais pas trop loin non plus.

Entre temps une femme, une vraiment belle femme est apparu devant ma roulotte et me demandait si on pouvait leur prêter notre « palais » pour une troupe chilienne, le « Grand Circo Teatro de Chile » pour présenter leur création « La Negra Esther ».  Encore une troupe de 25 personnes qui font vivre ce lieu abandonné si triste avec de la joie, plénitude, humour et de l’amour Chilien. Une pièce de Roberto Parra, mis en scène par Andrez Perez Arya. Encore une fois un grand succès fait vibrer ce chapiteau magique, encore une fête de la vie, quelle coïncidence et un peu moins de pression pour nous de devoir partir tout de suite et de trouver un lieu de convalescence.

(La troupe d’Andrez est devenu une légende dans l’histoire du théâtre chilienne et ce rencontre était le début d’une longe amitié avec le Chili et des artistes chiliens).

Donc salle combles  tous les soirs avec cette pièce qui joue dans une maison close, le bordel de San Antonio, une histoire d’amour drôle et triste. Eva et moi décidons d’aller faire un voyage en province pour trouver un lieu. Nous nous sommes promené autour de Vézelay, Clamecy traversé le Morvan pour arrivé finalement à Avallon à l’agence Ermanou et Maréchal. Un vieux bureau en mobilier sombre et plein des meubles avec des petits tiroirs, Agence spécialisé sur des biens d’agriculture. Madame Marechal toute de suite nous disait – eh voila – Monthelon vous attend! C’est votre lieu. Que ce que on a rigolé, un château…, mais que ce qu’elle pense de nous! Elle est bonne cette blague! (Bon, une blague pas hors prix, mais quand de même le double qu’on pensait d’investir).

Bon on va aller le visiter, juste pour rigoler on se dit.

Rendez vous le matin prochain, M. M. nous emmène et en descendent et environ 3 km avant Montréal – c’est la à l’horizon il nous dis. La ? Ce truc bien loin qui ressemble un village? La, le truc tout seul sur la colline comme une installation médiéval? Oui – le cœur commence à battre, je sens tension qui monte, une petite angoisse, le temps est gris et pluvieux ce début de juillet. On s’approche, et M.M. loue dans toutes les couleurs les beautés de Montréal, est enthousiaste de l’histoire, du pays, des gens…

On s’approche ce grand tas des pierres, cet énigme, ce colosse mort ou au moins dorment, les volets fermé comme des yeux, un monstre abandonné , entoure par un pré sec, pas des plantes, peu d’ arbres une ambiance lourde, grise et triste. Et il ouvre une porte, pas du tout d’élégance, pas du tout une ambiance ou certaine classe d’un château, rien comme une silence curieux qui promet de révéler des histoires et des secrets anciens, non que des témoignages tristes des colonies des vacances, des enfants seules avec leur sentiment d’être abandonné, des jouets cassé, sans charme et d’amour, partout des petites chambres plein des petites lits avec des matelas en caoutchouc, on croit de sentir encore le pipi de la peur, des sols froide, des murs sans tableaux et en couleur crème comme les hôpitaux, des douches collectifs avec leur garde-robes en béton, pas un seul coin un peu chaleureux ou un endroit qui semblait un peu joyeux, une grosse froide tristesse.

Eva et moi, nous étions tellement dégouté par ce qu’on a vu à l’intérieure, nous ne sommes même pas aller faire un tour autour.  Juste fuir, partir et ne plus jamais revenir.

Nous sommes resté la nuit dans un hôtel à Avallon et le prochain jour  nous sommes revenu.  On c’est calmé un peu après la visite et on commençait de parler – mais as tu vue, la vue est quand de même…. tu as vu le terrain derrière? Mais il y a quand de même des sanitaires, l’électricité et de l’eau.

En cas de…il faudrait raser une partie des bâtiments si non ça ne va jamais donner une ambiance vivable,  en tout les cas nous n’avons pas besoin un château pour vivre, mais – il y a quand de même une grande salle et la possibilité de loger des gens, oui mais, non , mais…  il y a énormément des travaux , trop grand où commencer, impossible, une montagne insurmontable,  oui mais, mais oui , mais non – surtout pas – Mais t’as vue, bon on retourne demain, seul et sans vendeur qui nous fais des fausses promesses.

Le lendemain grand beau, ciel bleu et on arrive sans clefs, le château restera ferme, on fait le tour autour, on se ballade sur le terrain on se met dans l’herbe on écoute, on regarde on se sent un peu soulagé le dos ver le château, quelle belle place pour poser des roulottes, que ce que c’est beau le grand ciel  et l’horizon de 360°.

Madame, c’était quoi le prix? 1, 2  Mio. Francs est ce qu’il est négociable? C’est combien le promis de vente? 15 000 francs (env. 3 000 Euros) …?

Bon on signe le promis de vente pour 3 mois. Le temps de réfléchir et préparer les papiers et documents. Si jamais on perd 3 000 Euros, nous avons bien gagné du temps de nous détendre et de voire ce qui va se passer. Eva est parti aux Etats-Unis pour essayer d’annuler son mariage avec Gerry et moi j’ai pris une chambre à Thizy dans un gîte.

Depuis la colline de Thizy j’observe Monthelon avec méfiance cet objet qui me provoque un battement de cœur, une angoisse fine et de la curiosité. Sur mon vélo je commence de faire le tour autour et de m’approcher. J’arrive sur le terrain et je m’installe sous le grand sapin, j’écoute, j’observe et je rêve.

Mon père passe, Rolf et d’autres amis et Andreas*, lui m’encourage de tenter l’aventure et déclaré de m’ aider financièrement.

On signe le 8. 9. 1989 et les premiers camions arrivent le lendemain.

Un début plein d’incertitude, mais avec la détermination d’ici faire naitre des nouvelles idées.

*Andreas était un ami et il était aussi administrateur du Cirque Aladin pendent notre tournée en Allemagne. Il était HIV+ et créait une Fondation qui après son décès soutenait Monthelon au début. Grace à ces fonds on a pu faire les travaux comme le sol dans la salle et la nouvelle cuisine.