Tommy est une créature monstrueusement sensible et attachante.
La relation entre Tommy et le texte de Hamlet est pleine de résonance. En effet, la question de l’existence est un enjeu majeur dans le texte d’Hamlet, tout comme l’essence même du clown. Hamlet est un personnage complexe, mystique, déchiré de douleurs et de doutes, qui s’empêche donc d’agir, et se fait passer pour un fou pour ne pas révéler la vérité et dénoncer l’assassinat de son père par son oncle. Le clown est figé dans le moment présent, il est porté par le désir d’exister, le désir d’être au monde. Il se retrouve lui aussi face à des questionnements existentiels qui mettent en doute sa propre existence : « Être ou ne pas être ».
Comme un nouveau-né, il est plein de stupeur face à ce monde, il fait ses premiers pas dans cet univers de couleurs, de mots, de sons, de gestes, de formes, et de lignes… Le clown plonge dans une exploration profonde, il a décidé de tenter d’exister et le voilà pris dans la panade, coincer dans une éternité de sentiments et d’émotions.
Là où le mouvement et les mots sont constructeurs de sens, nous essayerons de trouver l’écho de ce qui se passe aussi maintenant, avec le public, pour donner du sens toujours à ce qui se passe concrètement dans l’instant du présent. L’enjeu est de comprendre comment un spectacle peut s’écrire avec un clown, les fils de la dramaturgie sont nécessairement inscrits dans la créature en elle-même. Sky de Sela metteure en scène et co-auteure m’accompagnera sur le fil de cette longue écriture entre percevoir les désirs et les besoins de cette créature, et ces rapports scéniques, philosophiques, et poétiques avec la pièce de Hamlet.
L’axe principal de mon travail consiste à questionner la complexité à prendre des décisions, à faire des choix, face à des situations qui nous dépassent. La question de l’inaction est très présente dans cette recherche de l’écriture.
Catherine Germain lors d’une sortie de résidence de « Hamlet, le grand Hamlet » en janvier 2020 nous a transmis son ressenti sur la créature:
« Ce n’est pas un personnage, c’est plutôt comme si c’était l’essence de nous, un parfum que l’on dégage mais que l’on ne connait pas. Cela se rapproche de quelque chose de l’enfance, une enfance lointaine, une espèce de concentré de soi qui aurait enfin la possibilité de se diffuser et qu’on oublie parce que la vie nous a fait devenir quelqu’un avec des obligations sociales. »